mardi 3 septembre 2013

1789, début de Révolution

En 1789, le budget de l'établissement était le suivant:
Recettes :
  • une prébende versée par la cathédrale  3500  livres
  • les sommes versées par chaque collégien  6000 livres
  • un fermage   480 livres
  • des rentes    600 livres
Total :10 480 livres
Dépenses :
  • Traitement du Principal    1200 livres
  • Traitement des professeurs   1000 x 7   7000 livres
  • Dépenses de bois, cuisine     1200 livres
  • Dépenses pour le culte, distribution des prix   1300 livres
Total : 10 700 livres
Le personnel comportait notamment :
  • Le principal M. Gothe
  • Le professeur de philosophie M. Manget
  • Le professeur de rhétorique M. Ménard
  • Le professeur de seconde M. Lemoine
  • Le professeur de troisième M. Guenard
  • Le professeur de quatrième M. Lesbroussard
  • Le professeur  de cinquième M. Mareschal
  • Le professeur de sixième M. Racinet
  • Le bibliothécaire était M. Gothe
  • Le préfet d'études M. Chambel.
Les prix de pension variaient de 312 livres + 48 livres pour les droits de classe et autres à 264 livres + 36 livres.
C'est en 1790 que surviennent de grands changements.
Le 25 novembre 1790, le chapitre est informé du décret qui le supprime et confisque ses biens au profit de la nation. L'évêque de Beauvais, Mgr de La Rochefoucauld, est déchu de ses fonctions pour avoir refusé de prêter serment à la Constitution Civile du clergé. Pour remplacer les trois corps, une administration est donc nommée.
Elle est ainsi composée :
  • Mr Mouchet  maire
  • Deux membres de la municipalité, M. Langlet et M. Langlois-Mouffle
  • Deux notables, M. Massière, évêque du département et M. Sagnier, avoué
  • Deux citoyens actifs, M. Pignon;évêque épiscopal, M. Tuquet.
  • Le principal était alors M. Dutron.
Les élèves du collège ne semblent pas être restés indifférents aux événements du dehors.
En juillet 1790, ils vinrent présenter leurs hommages à l'assemblée administrative du département et demandèrent de fixer l'ouverture des vacances au 14 juillet, anniversaire de la prise de la Bastille,après avoir dédié à l'assemblée un mémoire sur la Déclaration des droits de l'homme.
En février 1791, dans une lettre adressée à la Garde Nationale après une affaire de presse, les élèves du collège écrivaient: "Nous apprendrons à cette école (celle de Rome et de Sparte) que l'amour de la liberté n'est que l'amour de l'ordre, que notre éducation ne doit être pour ainsi dire qu'un apprentissage d'obéissance aux lois, et qu'un religieux dévouement à la patrie est le premier devoir d'un citoyen".
Cependant, les élèves fondent un club patriotique qui s'affilie à la SOCIETE DES AMIS DE LA CONSTITUTION et qui tient ses séances les jours de congé. Quant aux professeurs, ils montent en chaire dans leur uniforme de garde national et proposent des sujets de devoirs sur les droits de l'homme et les bienfaits de la liberté.
Le 10 août 1793, Beauvais célèbre la fête de l'Acte Constitutionnel sur la place de la Fédération (place du Jeu de Paume) devant l'autel de la Patrie, dont le socle était soutenu par des dés de pierre qui portaient les maximes suivantes:
"La constitution salut des démocrates
est de la mort aux rats pour les aristocrates.
Vilain aristocrate, organe d'imposture
va cacher loin d'ici ta sinistre figure."
Les élèves du collège assistent à la cérémonie, avec leurs couronnes de chêne lorsqu'ils ont reçu des prix et reçoivent des mains du président du département un exemplaire de la Constitution, "première leçon d'instruction publique".
A l'automne 1793, le comité d'instruction publique discute de l'enseignement secondaire. Lakanal propose de supprimer les collèges et de les remplacer par des établissements nouveaux. Fourcroy s'y oppose au nom de la liberté et dénonce le danger d'établir des écoles publiques salariées par la Nation.
Dans les faits, les collèges sont supprimés et celui de Beauvais est fermé au début de 1794.
Sous la pression de l'opinion publique et après de longs débats, la Convention vote en février 1795 la loi du 7 Ventôse an III, rapportée par Daunou, un ancien oratorien. Cette loi établissait "dans toute l'étendue de la République" des écoles centrales pour l'enseignement des sciences, des lettres et des arts, à raison d'une pour 300 000 habitants environ. La loi prévoyait que l'on enseignerait dans ces écoles les mathématiques, la physique et les sciences expérimentales, l'histoire naturelle, l'agriculture et le commerce, la méthodologie des sciences, l'analyse des sensations et des idées, l'économie politique et la législation, l'histoire de la philosophie, l'hygiène, les arts et métiers, la grammaire générale, les belles lettres, les langues anciennes, les langues vivantes "les plus appropriées aux localités", les arts. Les cours devaient être assurés en français et les professeurs devaient faire tous les mois une conférence publique sur des sujets intéressant "le progrès des sciences, des lettres et des arts les plus utiles à la société". 
Chaque école centrale devait disposer d'une bibliothèque publique, d'un jardin et d'un  cabinet d'histoire naturelle, d'un cabinet de physique expérimentale et d'une collection de machines et modèles pour les arts et métiers.
Ces écoles relevaient d'un jury central d'instruction, composé de trois membres nommés par le comité d'instruction publique. La nomination des professeurs était soumise à l'approbation de l'administration du département. Aux nouveaux établissements ainsi créés était accordée une somme de 6000  livres pour frais de fonctionnement de la bibliothèque, des laboratoires etc....
Cette loi supprimait officiellement les collèges: " Tous les anciens établissements consacrés à l'instruction publique, sous le nom de collèges... sont et demeurent supprimés dans toute l'étendue de la République" et elle est signée Bourdon de l'Oise.