lundi 23 novembre 2015

Le nouveau Collège de Beauvais

Outre ses fonctions de directeur, Eloy Fleury devait être aussi le professeur des 3° et 4° et des cours de latin.
Cinq régents constituaient un personnel enseignant limité car, dans la nouvelle école secondaire, les disciplines scientifiques avaient été éliminées. La collection d'histoire naturelle fut placée à la Préfecture et détruite dans un incendie, vingt ans plus tard. Le jardin botanique perdit tout caractère scientifique. Le préfet tint beaucoup à sauver le cours de dessin, suivi par des apprentis de la Manufacture impériale de tapisserie.

Le 30 octobre 1804, l'école secondaire ouvrit ses portes pour 80 élèves dont 40 pensionnaires. Signe des temps, les cérémonies d'inauguration comportaient une messe du Saint-Esprit. Dans son discours, le Préfet regrettait l'absence d'un lycée dans le département et vantait la supériorité de l'environnement beauvaisien sur celui des établissements parisiens.

En fait, les nouveaux lycées, aussi bien que l'école secondaire  communale de Beauvais, obtenaient peu de succès. L'Ecole de Beauvais était moins recherchée qu'un pensionnat privé qui avait repris le vieux nom de collège: le pensionnat du Pont-Godard, installé dans un immeuble de la rue de Gesvres.
Cet établissement avait pour objectif officiel de former des ecclésiastiques mais il offrait la possibilité de faire des études moins coûteuses. Cette situation se répétait un peu partout alors même que le gouvernement impérial entendait disposer d'un instrument efficace de formation de ses cadres.
Cet état de fait conduisit à la loi du 10 mai 1806 qui créait l'Université et lui conférait le monopole de l'enseignement. Un corps enseignant était prévu, exclusivement chargé de l'enseignement et de l'éducation publics dans tout l'Empire.Un décret du 17 mars formulait dans le détail l'organisation et le fonctionnement de l'Université, y compris sur le plan financier.

Quoique son bureau d'administration ait été renouvelé et q'un aumônier y ait exercé son ministère, le collège communal accueillait moins d'élèves (90) que le pensionnat du Pont-Godard ( une centaine).

Sur le terrain, la nouvelle autorité de tutelle,le Rectorat, veille de près aux conditions de vie des élèves et à la qualification des enseignants. Le principal est tenu d'envoyer au Recteur les certificats de vaccination des élèves (courrier de novembre 1810) et reçoit des instructions sur le port de l'uniforme réservé aux pensionnaires et demi-pensionnaires. Les professeurs devaient porter dans leurs fonctions et dans les cérémonies publiques un habit français complet noir, chapeau français. Le directeur devait avoir une broderie noire en soie au collet. Il sert d'intermédiaire entre les autorités universitaires et les enseignants. Dans l'ensemble, ces derniers sont des bacheliers, que l'on appelle encore des régents et non pas des licenciés comme dans les lycées. Ces bacheliers le sont devenus par homologation de leurs titres antérieurs.

En janvier 1810, les enseignants sont au nombre de six car aux cinq professeurs de lettres des débuts, un sixième régent a été adjoint pour enseigner les mathématiques: il s'agit de D.J. Tremblay, premier commis de la direction des contributions de l'Oise. Chaque régent, rétribué par la ville, reçoit un salaire de 1000 à 1200 F(2350 à 2820 €) par mois.

Si le collège "languissait" selon l'expression de l'époque, le bureau d'administration et le Rectorat en donnaient une explication différente.
Le bureau réclame en janvier 1811 un nombre supérieur de professeurs "car les élèves ne sont pas suffisamment suivis". Les professeurs doivent assumer deux classes et le bureau souhaite un nombre de professeurs égal à celui des classes.

Le Rectorat, quant à lui, ne cesse de morigéner dans son courrier, le principal Fleury, pour la mauvaise tenue de la comptabilité du collège, ou du moins sa mauvaise présentation. De fait, la présentation du budget du collège s'améliore considérablement de 1809 à 1814.